Sarkozy souhaite fixer des règles à l'islam en France
Ce sera l'un des grands sujets du printemps, puis de la rentrée prochaine. Nicolas Sarkozy souhaite que des mesures concrètes soient prises sur la laïcité et la place de l'islam en France, à l'issue du débat que lancera l'UMP sur ce sujet, le 5 avril. «On a payé très cher la cécité sur l'immigration dans les années 1980. C'était un débat tabou. Avec la laïcité et l'islam, il se passe la même chose», a martelé le président mercredi devant les députés UMP, reçus à l'Élysée. «Il y a un décalage croissant entre les médias et les préoccupations des Français, a-t-il ajouté. Les racistes d'hier sont devenus les populistes d'aujourd'hui. Notre formation politique puis le Parlement doivent s'occuper de ces sujets.»
Comme à la télévision, jeudi dernier, le chef de l'État a répété qu'il voulait un «islam de France» mais pas un «islam en France». «Quelles sont les limites que nous mettons à l'islam?, s'est-t-il interrogé. Il n'est pas question d'avoir une société française qui subirait un islam en France. Nous sommes une société laïque. On a eu un débat sur la burqa, on a bien fait. Nous devons avoir un débat sur la prière dans la rue. Dans un pays laïc, il ne doit pas y avoir d'appels à la prière. Il faut aboutir à un corpus idéologique sur la place des religions, en 2011.»
«L'islam, sujet phare de la présidentielle»
Inquiet de la percée du Front national dans les sondages, Nicolas Sarkozy refuse de laisser le parti d'extrême droite préempter la question de la laïcité, notamment la délicate question des prières dans la rue, abordé par Marine Le Pen cet automne. «La force de Nicolas Sarkozy, c'est d'avoir toujours été leader dans le débat, analyse un conseiller du président. Pendant un temps, c'est Marine Le Pen qui a eu ce rôle. Elle a habilement mis en scène un vrai sujet. C'était un danger qu'il nous fallait éviter.»
Ces derniers mois, le chef de l'État a également été alerté par des élus, mais aussi les services de renseignements, inquiets d'un durcissement de certaines revendications communautaires, et d'une multiplication de prêches anti-Occident dans les mosquées. Le mois dernier, lors d'une réunion rassemblant plusieurs directeurs de cabinet, celui d'Alain Juppé, Jacques Gérault, a raconté son expérience comme préfet de Rhône-Alpes: «Un grand imam de même que le responsable local du culte musulman (CFMC) m'ont dit qu'il arriverait un moment où ils ne pourraient plus contenir leurs troupes…» Le témoignage a glacé l'assistance. «L'islam sera un sujet phare de la présidentielle», analyse un participant à cette réunion.
Trouver des solutions
À charge pour l'UMP de déblayer le terrain. Au lendemain de sa nomination à la tête du parti, Jean-François Copé a vu longuement Nicolas Sarkozy pour parler «stratégie». Les deux hommes ont listé un certain nombre de sujets «à purger» avant 2012, dont celui - récurrent depuis dix ans et ultrasensible - de la compatibilité de l'islam avec la République. Lundi, le chef de l'État a validé la tenue d'une convention sur ce sujet, comme l'a révélé mardi Le Figaro. Mercredi, Jean-François Copé a précisé que l'UMP poserait à cette occasion «un certain nombre de problèmes de fond sur l'exercice du culte musulman et de sa compatibilité avec les lois de la République». Une série de questions seront abordées: le nombre des lieux de culte, la formation des imams, le contenu des prêches et la langue dans laquelle ils sont tenus, le financement du culte musulman. Le débat associera experts et personnalités civiles et religieuses. Le patron de l'UMP s'est défendu de chercher à exploiter un thème lancé par la présidente du FN: «Marine Le Pen soulève des problèmes mais travaille assez peu les solutions», a-t-il taclé.
Des «solutions» qui ne seront pas aisées à trouver non plus pour le gouvernement. À l'Élysée, on confirme que le président veut des «propositions concrètes dans les mois qui viennent.» «Celles-ci couvriront un vaste champ, depuis l'école jusqu'aux prières dans la rue», indique un conseiller du Château. La question de la nationalité des imams et de la langue qu'ils utilisent sera sans doute l'une des plus délicates à régler, de même que celle de l'interdiction des prières dans l'espace public. D'autant que cette dernière ferait ressurgir le débat, vieux d'un siècle, qui avait opposé l'Église et l'État, soucieux d'interdire les processions religieuses.
Pour l'heure, aucune déclinaison précise n'a été arrêtée: loi, résolution parlementaire, arrêtés municipaux ou solution à l'amiable trouvée avec les responsables du culte musulman? «L'idée, c'est plutôt que l'interdiction par la loi ne soit utilisée qu'en dernier recours», glisse un proche du dossier. Le débat ne fait que commencer.
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